Face à l’écran
Face à l’écran, lorsque mon verbe n’est pas froid, mon clavier reste muet. J’en parlais il y a quelques temps à propos de photographie : quand l’écran s’en mêle, une distance s’installe et tout devient calculé. Pour mes textes sur ce blog, c’est pareil : alors que mon crayon s’envole lorsque mon calepin est posé sur mes jambes en tailleur ; en version pixelisée, plus rien ne fonctionne. En écrivant directement à l’ordinateur sans avoir préparé mes textes à l’avance, je m’attache à ce que ça donne et non plus au contenu. Une lettrine par-ci, un <p> par-là, un <h1> ici, un margin-left sur mon image et tiens, est-ce que ma miniature rend bien en page d’accueil ?
Et voilà, au revoir création, bonjour remplissage, correcteur orthographique et multiples retouches…
Éternel insatisfait de mes écrits, le papier me calme et me recentre sur le texte, me force à n’écrire que ce qui compte et lorsque l’heure de la moulinette à pixels arrive, je ne modifie presque rien. C’est vrai : quand il s’agit de trois lignes sur tel ou tel produit ou la présentation d’un morceau de code qui m’a sauvé la vie, tout ça n’a que peu d’importance, mais lorsqu’il s’agit de textes plus personnels, la différence est flagrante. Finalement, même en n’utilisant quasiment que mon clavier et en n’ayant sorti mon crayon qu’au moment des partiels pendant mes études, le papier reste, plus qu’un plaisir, ma condition sine qua non à l’écriture…
L’inspiration à l’état pur, et même, à l’état brut ! Quand serait-il si tu devais écrire un livre ? Où les écrits, juste sur ordi, n’auraient que peu de rapport avec la forme du texte ? Le papier serait encore une fois nécessaire ?
Je ne sais pas trop. Pour l’instant, le maximum que j’ai écrit d’un bloc doit se situer à une vingtaine de pages dactylographiées, que j’avais d’abord écrites à la main… Pour moi, en plus de la mise en forme dont je ne me soucie jamais sur papier (voir l’image de l’article qui est un scan de mon brouillon), un autre problème se pose, qui est le même pour lors de révisions pour un étudiant : l’ordinateur est la porte ouverte à tout le reste, à la distraction. Je n’écris jamais aussi facilement que la nuit ,coupé de tout ou avec mon cahier sur les genoux, le casque sur les oreilles avec un bon Moby, Daft Punk ou l’ost de Samuraï Champloo en arrière-plan. Si je devais écrire un livre, je ne sais pas si j’arriverai à me mettre à l’ordi. Ça vient aussi du fait qu’au départ j’écrivais des chansons et que le fameux trois colonnes que j’utilise beaucoup (colonne thèmes à exploiter, colonne mots et rimes à utiliser et colonne texte) est difficile à mettre en place à l’ordi…